Généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils
d'Abraham.
Abraham engendra Isaac; Isaac engendra Jacob; Jacob engendra Juda et ses
frères;
Juda engendra de Thamar Pharès et Zara; Pharès engendra
Esrom; Esrom engendra Aram;
Aram engendra Aminadab; Aminadab engendra Naasson; Naasson engendra
Salmon;
Salmon engendra Boaz de Rahab; Boaz engendra Obed de Ruth;
Obed engendra Isaï; Isaï engendra David. Le roi David engendra
Salomon de la femme d'Urie;
Salomon engendra Roboam; Roboam engendra Abia; Abia engendra Asa;
Asa engendra Josaphat; Josaphat engendra Joram; Joram engendra Ozias;
Ozias engendra Joatham; Joatham engendra Achaz; Achaz engendra
Ézéchias;
Ézéchias engendra Manassé; Manassé engendra
Amon; Amon engendra Josias;
Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la
déportation à Babylone.
Après la déportation à Babylone, Jéchonias
engendra Salathiel; Salathiel engendra Zorobabel;
Zorobabel engendra Abiud; Abiud engendra Éliakim; Éliakim
engendra Azor;
Azor engendra Sadok; Sadok engendra Achim; Achim engendra Éliud;
Éliud engendra Éléazar; Éléazar
engendra Matthan; Matthan engendra Jacob;
Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est
né Jésus, qui est appelé Christ.
Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham
jusqu'à David, quatorze générations depuis David
jusqu'à la déportation à Babylone, et quatorze
générations depuis la déportation à Babylone
jusqu'au Christ.
Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus
Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à
Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu'ils eussent
habité ensemble.
Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne
voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.
Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et
dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme,
car l'enfant qu'elle a conçu vient du Saint Esprit;
elle
enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c'est lui qui
sauvera son peuple de ses péchés.
Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait
annoncé par le prophète:
Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui
donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.
Joseph s'étant réveillé fit ce que l'ange du
Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.
Mais il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle eût
enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
Jésus étant né à Bethléhem en
Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d'Orient
arrivèrent à Jérusalem,
et
dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous
sommes venus pour l'adorer.
Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout
Jérusalem avec lui.
Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple,
et il s'informa auprès d'eux où devait naître le Christ.
Ils lui dirent: A Bethléhem en Judée; car voici ce qui a
été écrit par le prophète:
Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n'es certes pas la moindre
entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui
paîtra Israël, mon peuple.
Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s'enquit
soigneusement auprès d'eux depuis combien de temps l'étoile
brillait.
Puis il les envoya à Bethléhem, en disant: Allez, et
prenez des informations exactes sur le petit enfant; quand vous l'aurez
trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j'aille aussi moi-même
l'adorer.
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici,
l'étoile qu'ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu'à
ce qu'étant arrivée au-dessus du lieu où était le
petit enfant, elle s'arrêta.
Quand ils aperçurent l'étoile, ils furent saisis d'une
très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie,
sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent; ils ouvrirent
ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de
l'encens et de la myrrhe.
Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers
Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe
à Joseph, et dit: Lève-toi, prends le petit enfant et sa
mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu'à ce que je te
parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr.
Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se
retira en Égypte.
Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, afin que
s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le
prophète: J'ai appelé mon fils hors d'Égypte.
Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué
par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les
enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem
et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement
enquis auprès des mages.
Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par
Jérémie, le prophète:
On a entendu des cris à Rama, Des pleurs et de grandes
lamentations: Rachel pleure ses enfants, Et n'a pas voulu être
consolée, Parce qu'ils ne sont plus.
Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en
songe à Joseph, en Égypte,
et dit:
Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays
d'Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont
morts.
Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le
pays d'Israël.
Mais, ayant appris qu'Archélaüs régnait sur la
Judée à la place d'Hérode, son père, il craignit de
s'y rendre; et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de
la Galilée,
et vint
demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s'accomplît ce
qui avait été annoncé par les prophètes: Il sera
appelé Nazaréen.
En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le
désert de Judée.
Il disait: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
Jean est celui qui avait été annoncé par
Ésaïe, le prophète, lorsqu'il dit: C'est ici la voix de
celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur,
Aplanissez ses sentiers.
Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de
cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout
le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui;
et,
confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans
le fleuve du Jourdain.
Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de pharisiens et
de sadducéens, il leur dit: Races de vipères, qui vous a appris
à fuir la colère à venir?
Produisez donc du fruit digne de la repentance,
et ne
prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour
père! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut
susciter des enfants à Abraham.
Déjà la cognée est mise à la racine des
arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et
jeté au feu.
Moi, je vous baptise d'eau, pour vous amener à la repentance;
mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis
pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de
feu.
Il a son van à la main; il nettoiera son aire, et il amassera son
blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne
s'éteint point.
Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour
être baptisé par lui.
Mais Jean s'y opposait, en disant: C'est moi qui ai besoin d'être
baptisé par toi, et tu viens à moi!
Jésus lui répondit: Laisse faire
maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est
juste. Et Jean ne lui résista plus.
Dès que Jésus eut été baptisé, il
sortit de l'eau. Et voici, les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu
descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles: Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection.
Alors Jésus fut emmené par l'Esprit dans le désert,
pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits,
il eut faim.
Le tentateur, s'étant approché, lui dit: Si tu es Fils de
Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains.
Jésus répondit: Il est écrit:
L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la
bouche de Dieu.
Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le
haut du temple,
et lui
dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit: Il
donnera des ordres à ses anges à ton sujet; Et ils te porteront
sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
Jésus lui dit: Il est aussi écrit:
Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
Le diable le transporta encore sur une montagne très
élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire,
et lui
dit: Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m'adores.
Jésus lui dit: Retire-toi, Satan! Car il
est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui
seul.
Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de
Jésus, et le servaient.
Jésus, ayant appris que Jean avait été
livré, se retira dans la Galilée.
Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capernaüm,
située près de la mer, dans le territoire de Zabulon et de
Nephthali,
afin que
s'accomplît ce qui avait été annoncé par
Ésaïe, le prophète:
Le peuple de Zabulon et de Nephthali, De la contrée voisine de la
mer, du pays au delà du Jourdain, Et de la Galilée des Gentils,
Ce peuple, assis dans les ténèbres, A vu une grande
lumière; Et sur ceux qui étaient assis dans la région et
l'ombre de la mort La lumière s'est levée.
Dès ce moment Jésus commença à
prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le
royaume des cieux est proche.
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux
frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère,
qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.
Il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai
pêcheurs d'hommes.
Aussitôt, ils laissèrent les filets, et le suivirent.
De là étant allé plus loin, il vit deux autres
frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son
frère, qui étaient dans une barque avec
Zébédée, leur père, et qui réparaient leurs
filets.
Il les appela, et aussitôt ils laissèrent la barque et leur
père, et le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les
synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant
toute maladie et toute infirmité parmi le peuple.
Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui
amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres,
des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques; et il les
guérissait.
Une grande foule le suivit, de la Galilée, de la Décapole,
de Jérusalem, de la Judée, et d'au delà du Jourdain.
Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne; et, après
qu'il se fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui.
Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit:
Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des
cieux est à eux!
Heureux les affligés, car ils seront
consolés!
Heureux les débonnaires, car ils
hériteront la terre!
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car
ils seront rassasiés!
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront
miséricorde!
Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront
Dieu!
Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront
appelés fils de Dieu!
Heureux ceux qui sont persécutés pour la
justice, car le royaume des cieux est à eux!
Heureux serez-vous, lorsqu'on vous outragera, qu'on
vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal,
à cause de moi.
Réjouissez-vous et soyez dans
l'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les
cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui
ont été avant vous.
Vous êtes le sel de la
terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne
sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds
par les hommes.
Vous êtes la lumière
du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être
cachée;
et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le
boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux
qui sont dans la maison.
Que votre lumière luise ainsi devant les
hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre
Père qui est dans les cieux.
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou
les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
Car, je vous le dis en vérité, tant que
le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi
un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit
arrivé.
Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits
commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera
appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les
observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera
appelé grand dans le royaume des cieux.
Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse
celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des
cieux.
Vous avez entendu qu'il a été dit aux
anciens: Tu ne tueras point; celui qui tuera mérite d'être puni
par les juges.
Mais moi, je vous dis que quiconque se met en
colère contre son frère mérite d'être puni par les
juges; que celui qui dira à son frère: Raca! mérite
d'être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira:
Insensé! mérite d'être puni par le
feu de la géhenne.
Si donc tu présentes ton offrande à
l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose
contre toi,
laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord
te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton
offrande.
Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant
que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne
te livre à l'officier de justice, et que tu ne sois mis en prison.
Je te le dis en vérité, tu ne sortiras
pas de là que tu n'aies payé le dernier quadrant.
Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne
commettras point d'adultère.
Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme
pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans
son coeur.
Si ton oeil droit est pour toi une occasion de chute,
arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul
de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté
dans la géhenne.
Et si ta main droite est pour toi une occasion de
chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un
seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n'aille pas dans la
géhenne.
Il a été dit: Que celui qui
répudie sa femme lui donne une lettre de divorce.
Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa
femme, sauf pour cause d'infidélité, l'expose à devenir
adultère, et que celui qui épouse une femme
répudiée commet un adultère.
Vous avez encore appris qu'il a été dit
aux anciens: Tu ne te parjureras point, mais tu t'acquitteras envers le
Seigneur de ce que tu as déclaré par serment.
Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par
le ciel, parce que c'est le trône de Dieu;
ni par la terre, parce que c'est son marchepied; ni par
Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi.
Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux
rendre blanc ou noir un seul cheveu.
Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y
ajoute vient du malin.
Vous avez appris qu'il a été dit: oeil
pour oeil, et dent pour dent.
Mais moi, je vous dis de ne pas résister au
méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui
aussi l'autre.
Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta
tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Si quelqu'un te force à faire un mille, fais-en
deux avec lui.
Donne à celui qui te demande, et ne te
détourne pas de celui qui veut emprunter de toi.
Vous avez appris qu'il a été dit: Tu
aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez
ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent,
et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans
les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les
bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle
récompense méritez-vous? Les publicains aussi n'agissent-ils pas
de même?
Et si vous saluez seulement vos frères, que
faites-vous d'extraordinaire? Les païens aussi n'agissent-ils pas de
même?
Soyez donc parfaits, comme votre Père
céleste est parfait.
Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les
hommes, pour en être vus; autrement, vous n'aurez point de récompense
auprès de votre Père qui est dans les cieux.
Lors donc que tu fais l'aumône, ne sonne pas de
la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans
les rues, afin d'être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en
vérité, ils reçoivent leur récompense.
Mais quand tu fais l'aumône, que ta main gauche
ne sache pas ce que fait ta droite,
afin que ton aumône se fasse en secret; et ton
Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites,
qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues,
pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils
reçoivent leur récompense.
Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta
porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton
Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme
les païens, qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront
exaucés.
Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de
quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
Voici donc comment vous devez prier: Notre Père
qui es aux cieux! Que ton nom soit sanctifié;
que ton règne vienne; que ta volonté soit
faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien;
pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons
à ceux qui nous ont offensés;
ne nous induis pas en tentation, mais
délivre-nous du malin. Car c'est à toi qu'appartiennent, dans
tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!
Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre
Père céleste vous pardonnera aussi;
mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre
Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.
Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air
triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour
montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en
vérité, ils reçoivent leur récompense.
Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et
lave ton visage,
afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes,
mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton
Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
Ne vous amassez pas des trésors sur la terre,
où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs
percent et dérobent;
mais amassez-vous des trésors dans le ciel,
où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les
voleurs ne percent ni ne dérobent.
Car là où est ton trésor, là
aussi sera ton coeur.
L'oeil est la lampe du corps. Si ton oeil est en bon
état, tout ton corps sera éclairé;
mais si ton oeil est en mauvais état, tout ton
corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est
en toi est ténèbres, combien seront grandes ces
ténèbres!
Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il
haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et
méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.
C'est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez
pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous
serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps
plus que le vêtement?
Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni
ne moissonnent, et ils n'amassent rien dans des greniers; et votre Père
céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux?
Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter
une coudée à la durée de sa vie?
Et pourquoi vous inquiéter au sujet du
vêtement? Considérez comment croissent les lis des champs: ils ne
travaillent ni ne filent;
cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa
gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux.
Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui
existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous
vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi?
Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas:
Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi serons-nous vêtus?
Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les
recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
Cherchez premièrement le royaume et la justice
de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le
lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.
Ne jugez point, afin que vous ne soyez point
jugés.
Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et
l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.
Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton
frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil?
Ou comment peux-tu dire à ton frère:
Laisse-moi ôter une paille de ton oeil, toi qui as une poutre dans le
tien?
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de
ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton
frère.
Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne
jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux
pieds, ne se retournent et ne vous déchirent.
Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous
trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira.
Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche
trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.
Lequel de vous donnera une pierre à son fils,
s'il lui demande du pain?
Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un
serpent?
Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous
savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte
raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses
à ceux qui les lui demandent.
Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour
vous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et les
prophètes.
Entrez par la porte étroite. Car large est la
porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y
en a beaucoup qui entrent par là.
Mais étroite est la porte, resserré le
chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.
Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent
à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups
ravisseurs.
Vous les reconnaîtrez à leurs fruits.
Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons?
Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais
arbre porte de mauvais fruits.
Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un
mauvais arbre porter de bons fruits.
Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est
coupé et jeté au feu.
C'est donc à leurs fruits que vous les
reconnaîtrez.
Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais
celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans
les cieux.
Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur,
Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? n'avons-nous pas chassé des démons par ton
nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par
ton nom?
Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais
connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.
C'est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je
dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a
bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents sont venus,
les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison: elle
n'est point tombée, parce qu'elle était fondée sur le roc.
Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne
les met pas en pratique, sera semblable à un homme insensé qui a
bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents sont venus,
les vents ont soufflé et ont battu cette maison: elle est tombée,
et sa ruine a été grande.
Après que Jésus eut achevé ces discours, la foule
fut frappée de sa doctrine;
car il
enseignait comme ayant autorité, et non pas comme leurs scribes.
Lorsque Jésus fut descendu de la montagne, une grande foule le
suivit.
Et voici, un lépreux s'étant approché se prosterna
devant lui, et dit: Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur.
Jésus étendit la main, le toucha, et dit: Je le veux, sois pur. Aussitôt il fut
purifié de sa lèpre.
Puis Jésus lui dit: Garde-toi d'en parler
à personne; mais va te montrer au sacrificateur, et présente
l'offrande que Moïse a prescrite, afin que cela leur serve de
témoignage.
Comme Jésus entrait dans Capernaüm, un centenier l'aborda,
le
priant et disant: Seigneur, mon serviteur est couché à la maison,
atteint de paralysie et souffrant beaucoup.
Jésus lui dit: J'irai, et je le
guérirai.
Le centenier répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que tu
entres sous mon toit; mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera
guéri.
Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j'ai des
soldats sous mes ordres; et je dis à l'un: Va! et
il va; à l'autre: Viens! et il vient; et
à mon serviteur: Fais cela! et il le fait.
Après l'avoir entendu, Jésus fut dans l'étonnement,
et il dit à ceux qui le suivaient: Je vous le
dis en vérité, même en Israël je n'ai pas
trouvé une aussi grande foi.
Or, je vous déclare que plusieurs viendront de
l'orient et de l'occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et
Jacob, dans le royaume des cieux.
Mais les fils du royaume seront jetés dans les
ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des
grincements de dents.
Puis Jésus dit au centenier: Va, qu'il te
soit fait selon ta foi. Et à l'heure même le serviteur fut
guéri.
Jésus se rendit ensuite à la maison de Pierre, dont il vit
la belle-mère couchée et ayant la fièvre.
Il toucha sa main, et la fièvre la quitta; puis elle se leva, et
le servit.
Le soir, on amena auprès de Jésus plusieurs
démoniaques. Il chassa les esprits par sa parole, et il guérit
tous les malades,
afin que
s'accomplît ce qui avait été annoncé par
Ésaïe, le prophète: Il a pris nos infirmités, et il
s'est chargé de nos maladies.
Jésus, voyant une grande foule autour de lui, donna l'ordre de
passer à l'autre bord.
Un scribe s'approcha, et lui dit: Maître, je te suivrai partout
où tu iras.
Jésus lui répondit: Les renards
ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de
l'homme n'a pas où reposer sa tête.
Un autre, d'entre les disciples, lui dit: Seigneur, permets-moi d'aller
d'abord ensevelir mon père.
Mais Jésus lui répondit: Suis-moi,
et laisse les morts ensevelir leurs morts.
Il monta dans la barque, et ses disciples le suivirent.
Et voici, il s'éleva sur la mer une si grande tempête que
la barque était couverte par les flots. Et lui, il dormait.
Les disciples s'étant approchés le
réveillèrent, et dirent: Seigneur, sauve-nous, nous
périssons!
Il leur dit: Pourquoi avez-vous peur, gens de
peu de foi? Alors il se leva, menaça les vents et la mer, et il y
eut un grand calme.
Ces hommes furent saisis d'étonnement: Quel est celui-ci,
disaient-ils, à qui obéissent même les vents et la mer?
Lorsqu'il fut à l'autre bord, dans le pays des
Gadaréniens, deux démoniaques, sortant des sépulcres,
vinrent au-devant de lui. Ils étaient si furieux que personne n'osait
passer par là.
Et voici, ils s'écrièrent: Qu'y a-t-il entre nous et toi,
Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps?
Il y avait loin d'eux un grand troupeau de pourceaux qui paissaient.
Les démons priaient Jésus, disant: Si tu nous chasses,
envoie-nous dans ce troupeau de pourceaux.
Il leur dit: Allez! Ils sortirent, et
entrèrent dans les pourceaux. Et voici, tout le troupeau se
précipita des pentes escarpées dans la mer, et ils
périrent dans les eaux.
Ceux qui les faisaient paître s'enfuirent, et allèrent dans
la ville raconter tout ce qui s'était passé et ce qui
était arrivé aux démoniaques.
Alors toute la ville sortit à la rencontre de Jésus; et,
dès qu'ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur
territoire.
Jésus, étant monté dans une barque, traversa la
mer, et alla dans sa ville.
Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit.
Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique: Prends
courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés.
Sur quoi, quelques scribes dirent au dedans d'eux: Cet homme
blasphème.
Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit: Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos
coeurs?
Car, lequel est le plus aisé, de dire: Tes
péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, et
marche?
Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur
la terre le pouvoir de pardonner les péchés: Lève-toi, dit-il au paralytique, prends
ton lit, et va dans ta maison.
Et il se leva, et s'en alla dans sa maison.
Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia
Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.
De là étant allé plus loin, Jésus vit un
homme assis au lieu des péages, et qui s'appelait Matthieu. Il lui dit: Suis-moi. Cet homme se leva, et le suivit.
Comme Jésus était à table dans la maison, voici,
beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à
table avec lui et avec ses disciples.
Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples:
Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de
mauvaise vie?
Ce que Jésus ayant entendu, il dit: Ce ne
sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les
malades.
Allez, et apprenez ce que signifie: Je prends plaisir
à la miséricorde, et non aux sacrifices. Car je ne suis pas venu
appeler des justes, mais des pécheurs.
Alors les disciples de Jean vinrent auprès de Jésus, et
dirent: Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous, tandis que tes
disciples ne jeûnent point?
Jésus leur répondit: Les amis de
l'époux peuvent-ils s'affliger pendant que l'époux est avec eux?
Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors
ils jeûneront.
Personne ne met une pièce de drap neuf à
un vieil habit; car elle emporterait une partie de l'habit, et la
déchirure serait pire.
On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles
outres; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les
outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le
vin et les outres se conservent.
Tandis qu'il leur adressait ces paroles, voici, un chef arriva, se
prosterna devant lui, et dit: Ma fille est morte il y a un instant; mais viens,
impose-lui les mains, et elle vivra.
Jésus se leva, et le suivit avec ses disciples.
Et voici, une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans
s'approcha par derrière, et toucha le bord de son vêtement.
Car elle disait en elle-même: Si je puis seulement toucher son
vêtement, je serai guérie.
Jésus se retourna, et dit, en la voyant: Prends
courage, ma fille, ta foi t'a guérie. Et cette femme fut
guérie à l'heure même.
Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef, et
qu'il vit les joueurs de flûte et la foule bruyante,
il leur
dit: Retirez-vous; car la jeune fille n'est pas morte,
mais elle dort. Et ils se moquaient de lui.
Quand la foule eut été renvoyée, il entra, prit la
main de la jeune fille, et la jeune fille se leva.
Le bruit s'en répandit dans toute la contrée.
Étant parti de là, Jésus fut suivi par deux
aveugles, qui criaient: Aie pitié de nous, Fils de David!
Lorsqu'il fut arrivé à la maison, les aveugles
s'approchèrent de lui, et Jésus leur dit: Croyez-vous que je puisse faire cela? Oui, Seigneur, lui
répondirent-ils.
Alors il leur toucha leurs yeux, en disant: Qu'il
vous soit fait selon votre foi.
Et leurs yeux s'ouvrirent. Jésus leur fit cette recommandation
sévère: Prenez garde que personne ne le
sache.
Mais, dès qu'ils furent sortis, ils répandirent sa
renommée dans tout le pays.
Comme ils s'en allaient, voici, on amena à Jésus un
démoniaque muet.
Le démon ayant été chassé, le muet parla. Et
la foule étonnée disait: Jamais pareille chose ne s'est vue en
Israël.
Mais les pharisiens dirent: C'est par le prince des démons qu'il
chasse les démons.
Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant
dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et
guérissant toute maladie et toute infirmité.
Voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle, parce
qu'elle était languissante et abattue, comme des brebis qui n'ont point
de berger.
Alors il dit à ses disciples: La moisson
est grande, mais il y a peu d'ouvriers.
Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des
ouvriers dans sa moisson.
Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir
de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute
infirmité.
Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon appelé
Pierre, et André, son frère; Jacques, fils de
Zébédée, et Jean, son frère;
Philippe, et Barthélemy; Thomas, et Matthieu, le publicain;
Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée;
Simon le Cananite, et Judas l'Iscariot, celui qui livra Jésus.
Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir
donné les instructions suivantes: N'allez pas
vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains;
allez plutôt vers les brebis perdues de la maison
d'Israël.
Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux
est proche.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts,
purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu
gratuitement, donnez gratuitement.
Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie, dans vos
ceintures;
ni sac pour le voyage, ni deux tuniques, ni souliers, ni
bâton; car l'ouvrier mérite sa nourriture.
Dans quelque ville ou village que vous entriez,
informez-vous s'il s'y trouve quelque homme digne de vous recevoir; et demeurez
chez lui jusqu'à ce que vous partiez.
En entrant dans la maison, saluez-la;
et, si la maison en est digne, que votre paix vienne sur
elle; mais si elle n'en est pas digne, que votre paix retourne à vous.
Lorsqu'on ne vous recevra pas et qu'on
n'écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et
secouez la poussière de vos pieds.
Je vous le dis en vérité: au jour du
jugement, le pays de Sodome et de Gomorrhe sera traité moins
rigoureusement que cette ville-là.
Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des
loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes.
Mettez-vous en garde contre les hommes; car ils vous
livreront aux tribunaux, et ils vous battront de verges dans leurs synagogues;
vous serez menés, à cause de moi, devant des
gouverneurs et devant des rois, pour servir de témoignage à eux
et aux païens.
Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez
ni de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz: ce que vous
aurez à dire vous sera donné à l'heure même;
car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de
votre Père qui parlera en vous.
Le frère livrera son frère à la
mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront contre leurs
parents, et les feront mourir.
Vous serez haïs de tous, à cause de mon
nom; mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera
sauvé.
Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez
dans une autre. Je vous le dis en vérité, vous n'aurez pas
achevé de parcourir les villes d'Israël que le Fils de l'homme sera
venu.
Le disciple n'est pas plus que le maître, ni le
serviteur plus que son seigneur.
Il suffit au disciple d'être traité comme
son maître, et au serviteur comme son seigneur. S'ils ont appelé
le maître de la maison Béelzébul, à combien plus
forte raison appelleront-ils ainsi les gens de sa maison!
Ne les craignez donc point; car il n'y a rien de
caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne
doive être connu.
Ce que je vous dis dans les ténèbres,
dites-le en plein jour; et ce qui vous est dit à l'oreille,
prêchez-le sur les toits.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne
peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire
périr l'âme et le corps dans la géhenne.
Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant,
il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre
Père.
Et même les cheveux de votre tête sont
tous comptés.
Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup
de passereaux.
C'est pourquoi, quiconque me confessera devant les
hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux;
mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai
aussi devant mon Père qui est dans les cieux.
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la
terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée.
Car je suis venu mettre la division entre l'homme et
son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa
belle-mère;
et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison.
Celui qui aime son père ou sa mère plus
que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que
moi n'est pas digne de moi;
celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n'est
pas digne de moi.
Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui
perdra sa vie à cause de moi la retrouvera.
Celui qui vous reçoit me reçoit, et
celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé.
Celui qui reçoit un prophète en
qualité de prophète recevra une récompense de
prophète, et celui qui reçoit un juste en qualité de juste
recevra une récompense de juste.
Et quiconque donnera seulement un verre d'eau froide
à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en
vérité, il ne perdra point sa récompense.
Lorsque Jésus eut achevé de donner ses instructions
à ses douze disciples, il partit de là, pour enseigner et prêcher
dans les villes du pays.
Jean, ayant entendu parler dans sa prison des oeuvres du Christ, lui fit
dire par ses disciples:
Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?
Jésus leur répondit: Allez
rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez:
les aveugles voient, les boiteux marchent, les
lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts
ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.
Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de
chute!
Comme ils s'en allaient, Jésus se mit à dire à la
foule, au sujet de Jean: Qu'êtes-vous
allés voir au désert? un roseau
agité par le vent?
Mais, qu'êtes-vous allés voir? un homme vêtu d'habits précieux? Voici, ceux qui
portent des habits précieux sont dans les maisons des rois.
Qu'êtes-vous donc allés voir? un prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu'un
prophète.
Car c'est celui dont il est écrit: Voici,
j'envoie mon messager devant ta face, Pour préparer ton chemin devant
toi.
Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui
sont nés de femmes, il n'en a point paru de plus grand que Jean
Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que
lui.
Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu'à
présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents
qui s'en s'emparent.
Car tous les prophètes et la loi ont
prophétisé jusqu'à Jean;
et, si vous voulez le comprendre, c'est lui qui est
l'Élie qui devait venir.
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
A qui comparerai-je cette génération?
Elle ressemble à des enfants assis dans des places publiques, et qui,
s'adressant à d'autres enfants,
disent: Nous vous avons joué de la flûte, et
vous n'avez pas dansé; nous avons chanté des complaintes, et vous
ne vous êtes pas lamentés.
Car Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils
disent: Il a un démon.
Le Fils de l'homme est venu, mangeant et buvant, et
ils disent: C'est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de
mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifiée par ses
oeuvres.
Alors il se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles
avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu'elles ne s'étaient
pas repenties.
Malheur à toi, Chorazin! malheur
à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui
ont été faits au milieu de vous avaient été faits
dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en
prenant le sac et la cendre.
C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement,
Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous.
Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée
jusqu'au ciel? Non. Tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts;
car, si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient
été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui.
C'est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, le
pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi.
En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de
ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce
que tu les as révélées aux enfants.
Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu
ainsi.
Toutes choses m'ont été données
par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n'est le
Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n'est le
Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui êtes
fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos.
Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions,
car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos
âmes.
Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.
En ce temps-là, Jésus traversa des champs de blé un
jour de sabbat. Ses disciples, qui avaient faim, se mirent à arracher
des épis et à manger.
Les pharisiens, voyant cela, lui dirent: Voici, tes disciples font ce
qu'il n'est pas permis de faire pendant le sabbat.
Mais Jésus leur répondit: N'avez-vous
pas lu ce que fit David, lorsqu'il eut faim, lui et ceux qui étaient
avec lui;
comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les
pains de proposition, qu'il ne lui était pas permis de manger, non plus
qu'à ceux qui étaient avec lui, et qui étaient
réservés aux sacrificateurs seuls?
Ou, n'avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de
sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre
coupables?
Or, je vous le dis, il y a ici quelque chose de plus
grand que le temple.
Si vous saviez ce que signifie: Je prends plaisir
à la miséricorde, et non aux sacrifices, vous n'auriez pas
condamné des innocents.
Car le Fils de l'homme est maître du sabbat.
Étant parti de là, Jésus entra dans la synagogue.
Et voici, il s'y trouvait un homme qui avait la main sèche. Ils
demandèrent à Jésus: Est-il permis de faire une
guérison les jours de sabbat? C'était afin de pouvoir l'accuser.
Il leur répondit: Lequel d'entre vous,
s'il n'a qu'une brebis et qu'elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la
saisira pour l'en retirer?
Combien un homme ne vaut-il pas plus qu'une brebis! Il
est donc permis de faire du bien les jours de sabbat.
Alors il dit à l'homme: Étends ta
main. Il l'étendit, et elle devint saine comme l'autre.
Les pharisiens sortirent, et ils se consultèrent sur les moyens
de le faire périr.
Mais Jésus, l'ayant su, s'éloigna de ce lieu. Une grande
foule le suivit. Il guérit tous les malades,
et il
leur recommanda sévèrement de ne pas le faire connaître,
afin que
s'accomplît ce qui avait été annoncé par
Ésaïe, le prophète:
Voici mon serviteur que j'ai choisi, Mon bien-aimé en qui mon
âme a pris plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui, Et il annoncera la
justice aux nations.
Il ne contestera point, il ne criera point, Et personne n'entendra sa
voix dans les rues.
Il ne brisera point le roseau cassé, Et il n'éteindra
point le lumignon qui fume, Jusqu'à ce qu'il ait fait triompher la
justice.
Et les nations espéreront en son nom.
Alors on lui amena un démoniaque aveugle et muet, et il le
guérit, de sorte que le muet parlait et voyait.
Toute la foule étonnée disait: N'est-ce point là le
Fils de David?
Les pharisiens, ayant entendu cela, dirent: Cet homme ne chasse les
démons que par Béelzébul, prince des démons.
Comme Jésus connaissait leurs pensées, il leur dit: Tout royaume divisé contre lui-même est
dévasté, et toute ville ou maison divisée contre
elle-même ne peut subsister.
Si Satan chasse Satan, il est divisé contre
lui-même; comment donc son royaume subsistera-t-il?
Et si moi, je chasse les démons par
Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils? C'est pourquoi ils
seront eux-mêmes vos juges.
Mais, si c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les
démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous.
Ou, comment quelqu'un peut-il entrer dans la maison
d'un homme fort et piller ses biens, sans avoir auparavant lié cet homme
fort? Alors seulement il pillera sa maison.
Celui qui n'est pas avec moi est contre moi, et celui
qui n'assemble pas avec moi disperse.
C'est pourquoi je vous dis: Tout péché
et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le
blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné.
Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui
sera pardonné; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui
sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à
venir.
Ou dites que l'arbre est bon et que son fruit est bon,
ou dites que l'arbre est mauvais et que son fruit est mauvais; car on
connaît l'arbre par le fruit.
Races de vipères, comment pourriez-vous dire de
bonnes choses, méchants comme vous l'êtes? Car c'est de
l'abondance du coeur que la bouche parle.
L'homme bon tire de bonnes choses de son bon
trésor, et l'homme méchant tire de mauvaises choses de son
mauvais trésor.
Je vous le dis: au jour du jugement, les hommes
rendront compte de toute parole vaine qu'ils auront proférée.
Car par tes paroles tu seras justifié, et par
tes paroles tu seras condamné.
Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent:
Maître, nous voudrions te voir faire un miracle.
Il leur répondit: Une
génération méchante et adultère demande un miracle;
il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas.
Car, de même que Jonas fut trois jours et trois
nuits dans le ventre d'un grand poisson, de même le Fils de l'homme sera
trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du
jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu'ils
se repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il y a ici
plus que Jonas.
La reine du Midi se lèvera, au jour du
jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu'elle
vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de
Salomon, et voici, il y a ici plus que Salomon.
Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, il va par
des lieux arides, cherchant du repos, et il n'en trouve point.
Alors il dit: Je retournerai dans ma maison
d'où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve vide,
balayée et ornée.
Il s'en va, et il prend avec lui sept autres esprits
plus méchants que lui; ils entrent dans la maison, s'y
établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que
la première. Il en sera de même pour cette
génération méchante.
Comme Jésus s'adressait encore à la foule, voici, sa
mère et ses frères, qui étaient dehors, cherchèrent
à lui parler.
Quelqu'un lui dit: Voici, ta mère et tes frères sont dehors,
et ils cherchent à te parler.
Mais Jésus répondit à celui qui le lui disait: Qui est ma mère, et qui sont mes frères?
Puis, étendant la main sur ses disciples, il dit: Voici ma mère et mes frères.
Car, quiconque fait la volonté de mon
Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma
soeur, et ma mère.
Ce même jour, Jésus sortit de la maison, et s'assit au bord
de la mer.
Une grande foule s'étant assemblée auprès de lui,
il monta dans une barque, et il s'assit. Toute la foule se tenait sur le
rivage.
Il leur parla en paraboles sur beaucoup de choses, et il dit:
Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une
partie de la semence tomba le long du chemin: les oiseaux vinrent, et la
mangèrent.
Une autre partie tomba dans les endroits pierreux,
où elle n'avait pas beaucoup de terre: elle leva aussitôt, parce
qu'elle ne trouva pas un sol profond;
mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée
et sécha, faute de racines.
Une autre partie tomba parmi les épines: les
épines montèrent, et l'étouffèrent.
Une autre partie tomba dans la bonne terre: elle donna
du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente.
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Les disciples s'approchèrent, et lui dirent: Pourquoi leur
parles-tu en paraboles?
Jésus leur répondit: Parce qu'il
vous a été donné de connaître les mystères du
royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné.
Car on donnera à celui qui a, et il sera dans
l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il
a.
C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'en
voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent ni ne
comprennent.
Et pour eux s'accomplit cette prophétie
d'Ésaïe: Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez
point; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.
Car le coeur de ce peuple est devenu insensible; Ils
ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu'ils
ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles, Qu'ils ne
comprennent de leur coeur, Qu'ils ne se convertissent, et que je ne les
guérisse.
Mais heureux sont vos yeux, parce qu'ils voient, et
vos oreilles, parce qu'elles entendent!
Je vous le dis en vérité, beaucoup de
prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez,
et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont pas entendu.
Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole
du semeur.
Lorsqu'un homme écoute la parole du royaume et
ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été
semé dans son coeur: cet homme est celui qui a reçu la semence le
long du chemin.
Celui qui a reçu la semence dans les endroits
pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt
avec joie;
mais il n'a pas de racines en lui-même, il manque de
persistance, et, dès que survient une tribulation ou une
persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de
chute.
Celui qui a reçu la semence parmi les
épines, c'est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du
siècle et la séduction des richesses étouffent cette
parole, et la rendent infructueuse.
Celui qui a reçu la semence dans la bonne
terre, c'est celui qui entend la parole et la comprend; il porte du fruit, et
un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente.
Il leur proposa une autre parabole, et il dit: Le
royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne
semence dans son champ.
Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint,
sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla.
Lorsque l'herbe eut poussé et donné du
fruit, l'ivraie parut aussi.
Les serviteurs du maître de la maison vinrent
lui dire: Seigneur, n'as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ?
D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie?
Il leur répondit: C'est un ennemi qui a fait
cela. Et les serviteurs lui dirent: Veux-tu que nous allions l'arracher?
Non, dit-il, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne
déraciniez en même temps le blé.
Laissez croître ensemble l'un et l'autre
jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai
aux moissonneurs: Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la
brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.
Il leur proposa une autre parabole, et il dit: Le
royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un
homme a pris et semé dans son champ.
C'est la plus petite de toutes les semences; mais,
quand il a poussé, il est plus grand que les légumes et devient
un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent habiter dans ses branches.
Il leur dit cette autre parabole: Le royaume des
cieux est semblable à du levain qu'une femme a pris et mis dans trois
mesures de farine, jusqu'à ce que la pâte soit toute levée.
Jésus dit à la foule toutes ces choses en paraboles, et il
ne lui parlait point sans parabole,
afin que
s'accomplît ce qui avait été annoncé par le
prophète: J'ouvrirai ma bouche en paraboles, Je publierai des choses
cachées depuis la création du monde.
Alors il renvoya la foule, et entra dans la maison. Ses disciples
s'approchèrent de lui, et dirent: Explique-nous la parabole de l'ivraie
du champ.
Il répondit: Celui qui sème la
bonne semence, c'est le Fils de l'homme;
le champ, c'est le monde; la bonne semence, ce sont les
fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du malin;
l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable; la moisson,
c'est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les anges.
Or, comme on arrache l'ivraie et qu'on la jette au
feu, il en sera de même à la fin du monde.
Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront
de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité:
et ils les jetteront dans la fournaise ardente,
où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le
royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour entendre
entende.
Le royaume des cieux est encore semblable à un
trésor caché dans un champ. L'homme qui l'a trouvé le
cache; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a, et achète ce
champ.
Le royaume des cieux est encore semblable à un
marchand qui cherche de belles perles.
Il a trouvé une perle de grand prix; et il est
allé vendre tout ce qu'il avait, et l'a achetée.
Le royaume des cieux est encore semblable à un
filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce.
Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent; et,
après s'être assis sur le rivage, ils mettent dans des vases ce
qui est bon, et ils jettent ce qui est mauvais.
Il en sera de même à la fin du monde. Les
anges viendront séparer les méchants d'avec les justes,
et ils les jetteront dans la fournaise ardente,
où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Avez-vous compris toutes ces choses? -Oui, répondirent-ils.
Et il leur dit: C'est pourquoi, tout scribe
instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un
maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et
des choses anciennes.
Lorsque Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là.
S'étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de
sorte que ceux qui l'entendirent étaient étonnés et
disaient: D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles?
N'est-ce pas le fils du charpentier? n'est-ce
pas Marie qui est sa mère? Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils
pas ses frères?
et ses
soeurs ne sont-elles pas toutes parmi nous? D'où lui viennent donc
toutes ces choses?
Et il était pour eux une occasion de chute. Mais Jésus
leur dit: Un prophète n'est
méprisé que dans sa patrie et dans sa maison.
Et il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de
leur incrédulité.
En ce temps-là, Hérode le tétrarque, ayant entendu
parler de Jésus, dit à ses serviteurs: C'est Jean Baptiste!
Il est ressuscité des morts, et c'est pour cela qu'il se fait par
lui des miracles.
Car Hérode, qui avait fait arrêter Jean, l'avait lié
et mis en prison, à cause d'Hérodias, femme de Philippe, son
frère,
parce que
Jean lui disait: Il ne t'est pas permis de l'avoir pour femme.
Il voulait le faire mourir, mais il craignait la foule, parce qu'elle
regardait Jean comme un prophète.
Or, lorsqu'on célébra l'anniversaire de la naissance
d'Hérode, la fille d'Hérodias dansa au milieu des convives, et
plut à Hérode,
de
sorte qu'il promit avec serment de lui donner ce qu'elle demanderait.
A l'instigation de sa mère, elle dit: Donne-moi ici, sur un plat,
la tête de Jean Baptiste.
Le roi fut attristé; mais, à cause de ses serments et des
convives, il commanda qu'on la lui donne,
et il
envoya décapiter Jean dans la prison.
Sa tête fut apportée sur un plat,
et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère.
Les disciples de Jean vinrent prendre son corps, et l'ensevelirent. Et
ils allèrent l'annoncer à Jésus.
A cette nouvelle, Jésus partit de là dans une barque, pour
se retirer à l'écart dans un lieu désert; et la foule,
l'ayant su, sortit des villes et le suivit à pied.
Quand il sortit de la barque, il vit une grande foule, et fut ému
de compassion pour elle, et il guérit les malades.
Le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de lui,
et dirent: Ce lieu est désert, et l'heure est déjà
avancée; renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages, pour
s'acheter des vivres.
Jésus leur répondit: Ils n'ont pas
besoin de s'en aller; donnez-leur vous-mêmes à manger.
Mais ils lui dirent: Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons.
Et il dit: Apportez-les-moi.
Il fit asseoir la foule sur l'herbe, prit les cinq pains et les deux
poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il
rompit les pains et les donna aux disciples, qui les distribuèrent
à la foule.
Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze
paniers pleins des morceaux qui restaient.
Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes,
sans les femmes et les enfants.
Aussitôt après, il obligea les disciples à monter
dans la barque et à passer avant lui de l'autre côté,
pendant qu'il renverrait la foule.
Quand il l'eut renvoyée, il monta sur la montagne, pour prier
à l'écart; et, comme le soir était venu, il était
là seul.
La barque, déjà au milieu de la mer, était battue
par les flots; car le vent était contraire.
A la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux,
marchant sur la mer.
Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent
troublés, et dirent: C'est un fantôme! Et, dans leur frayeur, ils
poussèrent des cris.
Jésus leur dit aussitôt: Rassurez-vous,
c'est moi; n'ayez pas peur!
Pierre lui répondit: Seigneur, si c'est toi, ordonne que j'aille
vers toi sur les eaux.
Et il dit: Viens! Pierre sortit de la
barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus.
Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il
commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi!
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui
dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?
Et ils montèrent dans la barque, et le vent cessa.
Ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant
Jésus, et dirent: Tu es véritablement le Fils de Dieu.
Après avoir traversé la mer, ils vinrent dans le pays de
Génésareth.
Les gens de ce lieu, ayant reconnu Jésus, envoyèrent des
messagers dans tous les environs, et on lui amena tous les malades.
Ils le prièrent de leur permettre seulement de toucher le bord de
son vêtement. Et tous ceux qui le touchèrent furent guéris.
Alors des pharisiens et des scribes vinrent de Jérusalem
auprès de Jésus, et dirent:
Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? Car
ils ne se lavent pas les mains, quand ils prennent leurs repas.
Il leur répondit: Et vous, pourquoi
transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition?
Car Dieu a dit: Honore ton père et ta
mère; et: Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni
de mort.
Mais vous, vous dites: Celui qui dira à son
père ou à sa mère: Ce dont j'aurais pu t'assister est une
offrande à Dieu, n'est pas tenu d'honorer son père ou sa
mère.
Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de
votre tradition.
Hypocrites, Ésaïe a bien
prophétisé sur vous, quand il a dit:
Ce peuple m'honore des lèvres, Mais son coeur
est éloigné de moi.
C'est en vain qu'ils m'honorent, en enseignant des
préceptes qui sont des commandements d'hommes.
Ayant appelé à lui la foule, il lui dit: Écoutez, et comprenez.
Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille
l'homme; mais ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille l'homme.
Alors ses disciples s'approchèrent, et lui dirent: Sais-tu que
les pharisiens ont été scandalisés des paroles qu'ils ont
entendues?
Il répondit: Toute plante que n'a pas
plantée mon Père céleste sera déracinée.
Laissez-les: ce sont des aveugles qui conduisent des
aveugles; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une
fosse.
Pierre, prenant la parole, lui dit: Explique-nous cette parabole.
Et Jésus dit: Vous aussi, êtes-vous
encore sans intelligence?
Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la
bouche va dans le ventre, puis est jeté dans les lieux secrets?
Mais ce qui sort de la bouche vient du coeur, et c'est
ce qui souille l'homme.
Car c'est du coeur que viennent les mauvaises
pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les
vols, les faux témoignages, les calomnies.
Voilà les choses qui souillent l'homme; mais
manger sans s'être lavé les mains, cela ne souille point l'homme.
Jésus, étant parti de là, se retira dans le
territoire de Tyr et de Sidon.
Et voici, une femme cananéenne, qui venait de ces
contrées, lui cria: Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David! Ma
fille est cruellement tourmentée par le démon.
Il ne lui répondit pas un mot, et ses disciples
s'approchèrent, et lui dirent avec insistance: Renvoie-la, car elle crie
derrière nous.
Il répondit: Je n'ai été
envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël.
Mais elle vint se prosterner devant lui, disant: Seigneur, secours-moi!
Il répondit: Il n'est pas bien de prendre
le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
Oui, Seigneur, dit-elle, mais les petits chiens mangent les miettes qui
tombent de la table de leurs maîtres.
Alors Jésus lui dit: Femme, ta foi est
grande; qu'il te soit fait comme tu veux. Et, à l'heure
même, sa fille fut guérie.
Jésus quitta ces lieux, et vint près de la mer de
Galilée. Étant monté sur la montagne, il s'y assit.
Alors s'approcha de lui une grande foule, ayant avec elle des boiteux,
des aveugles, des muets, des estropiés, et beaucoup d'autres malades. On
les mit à ses pieds, et il les guérit;
en
sorte que la foule était dans l'admiration de voir que les muets
parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les
boiteux marchaient, que les aveugles voyaient; et elle glorifiait le Dieu
d'Israël.
Jésus, ayant appelé ses disciples, dit: Je suis ému de compassion pour cette foule; car voilà
trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger.
Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur
manquent en chemin.
Les disciples lui dirent: Comment nous procurer dans ce lieu
désert assez de pains pour rassasier une si grande foule?
Jésus leur demanda: Combien avez-vous de
pains? Sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons.
Alors il fit asseoir la foule par terre,
prit les
sept pains et les poissons, et, après avoir rendu grâces, il les
rompit et les donna à ses disciples, qui les distribuèrent
à la foule.
Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept
corbeilles pleines des morceaux qui restaient.
Ceux qui avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans
les femmes et les enfants.
Ensuite, il renvoya la foule, monta dans la barque, et se rendit dans la
contrée de Magadan.
Les pharisiens et les sadducéens abordèrent Jésus
et, pour l'éprouver, lui demandèrent de leur faire voir un signe
venant du ciel.
Jésus leur répondit: Le soir, vous
dites: Il fera beau, car le ciel est rouge; et le matin:
Il y aura de l'orage aujourd'hui, car le ciel est d'un
rouge sombre. Vous savez discerner l'aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner
les signes des temps.
Une génération méchante et
adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle
que celui de Jonas. Puis il les quitta, et s'en alla.
Les disciples, en passant à l'autre bord, avaient oublié
de prendre des pains.
Jésus leur dit: Gardez-vous avec soin du
levain des pharisiens et des sadducéens.
Les disciples raisonnaient en eux-mêmes, et disaient: C'est parce
que nous n'avons pas pris de pains.
Jésus, l'ayant connu, dit: Pourquoi
raisonnez-vous en vous-mêmes, gens de peu de foi, sur ce que vous n'avez
pas pris de pains?
Etes-vous encore sans intelligence, et ne vous
rappelez-vous plus les cinq pains des cinq mille hommes et combien de paniers
vous avez emportés,
ni les sept pains des quatre mille hommes et combien de
corbeilles vous avez emportées?
Comment ne comprenez-vous pas que ce n'est pas au
sujet de pains que je vous ai parlé? Gardez-vous du levain des
pharisiens et des sadducéens.
Alors ils comprirent que ce n'était pas du levain du pain qu'il
avait dit de se garder, mais de l'enseignement des pharisiens et des
sadducéens.
Jésus, étant arrivé dans le territoire de
Césarée de Philippe, demanda à ses disciples: Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'homme?
Ils répondirent: Les uns disent que tu es Jean Baptiste; les
autres, Élie; les autres, Jérémie, ou l'un des
prophètes.
Et vous, leur
dit-il, qui dites-vous que je suis?
Simon Pierre répondit: Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
Jésus, reprenant la parole, lui dit: Tu
es heureux, Simon, fils de Jonas; car ce ne sont pas la chair et le sang qui
t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans
les cieux.
Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette
pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour
des morts ne prévaudront point contre elle.
Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que
tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu
délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
Alors il recommanda aux disciples de ne dire à personne qu'il
était le Christ.
Dès lors Jésus commença à faire
connaître à ses disciples qu'il fallait qu'il allât à
Jérusalem, qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens, des
principaux sacrificateurs et des scribes, qu'il fût mis à mort, et
qu'il ressuscitât le troisième jour.
Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le reprendre, et
dit: A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t'arrivera pas.
Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre: Arrière de moi, Satan! tu
m'es en scandale; car tes pensées ne sont pas les pensées de
Dieu, mais celles des hommes.
Alors Jésus dit à ses disciples: Si
quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même,
qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive.
Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais
celui qui la perdra à cause de moi la trouvera.
Et que servirait-il à un homme de gagner tout
le monde, s'il perdait son âme? ou, que donnerait
un homme en échange de son âme?
Car le Fils de l'homme doit venir dans la gloire de
son Père, avec ses anges; et alors il rendra à chacun selon ses
oeuvres.
Je vous le dis en vérité, quelques-uns
de ceux qui sont ici ne mourront point, qu'ils n'aient vu le Fils de l'homme
venir dans son règne.
Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et
Jean, son frère, et il les conduisit à l'écart sur une
haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux; son visage resplendit comme le
soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, s'entretenant avec
lui.
Pierre, prenant la parole, dit à Jésus: Seigneur, il est
bon que nous soyons ici; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour
toi, une pour Moïse, et une pour Élie.
Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et
voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles: Celui-ci est mon
Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection: écoutez-le!
Lorsqu'ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent sur
leur face, et furent saisis d'une grande frayeur.
Mais Jésus, s'approchant, les toucha, et dit: Levez-vous, n'ayez pas peur!
Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul.
Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet
ordre: Ne parlez à personne de cette vision,
jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité des morts.
Les disciples lui firent cette question: Pourquoi donc les scribes
disent-ils qu'Élie doit venir premièrement?
Il répondit: Il est vrai qu'Élie
doit venir, et rétablir toutes choses.
Mais je vous dis qu'Élie est déjà
venu, qu'ils ne l'ont pas reconnu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont
voulu. De même le Fils de l'homme souffrira de leur part.
Les disciples comprirent alors qu'il leur parlait de Jean Baptiste.
Lorsqu'ils furent arrivés près de la foule, un homme vint
se jeter à genoux devant Jésus, et dit:
Seigneur, aie pitié de mon fils, qui est lunatique, et qui
souffre cruellement; il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l'eau.
Je l'ai amené à tes disciples, et ils n'ont pas pu le
guérir.
Race incrédule et perverse, répondit Jésus,
jusques à quand serai-je avec vous? jusques
à quand vous supporterai-je? Amenez-le-moi ici.
Jésus parla sévèrement au démon, qui sortit
de lui, et l'enfant fut guéri à l'heure même.
Alors les disciples s'approchèrent de Jésus, et lui dirent
en particulier: Pourquoi n'avons-nous pu chasser ce démon?
C'est à cause de votre
incrédulité, leur dit
Jésus. Je vous le dis en vérité,
si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez
à cette montagne: Transporte-toi d'ici là, et elle se
transporterait; rien ne vous serait impossible.
Mais cette sorte de démon ne sort que par la
prière et par le jeûne.
Pendant qu'ils parcouraient la Galilée, Jésus leur dit: Le Fils de l'homme doit être livré entre les
mains des hommes;
ils le feront mourir, et le troisième jour il
ressuscitera. Ils furent profondément
attristés.
Lorsqu'ils arrivèrent à Capernaüm, ceux qui
percevaient les deux drachmes s'adressèrent à Pierre, et lui
dirent: Votre maître ne paie-t-il pas les deux drachmes?
Oui, dit-il. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus
le prévint, et dit: Que t'en semble, Simon? Les
rois de la terre, de qui perçoivent-ils des tributs ou des impôts?
de leurs fils, ou des étrangers?
Il lui dit: Des étrangers. Et Jésus lui répondit: Les fils en sont donc exempts.
Mais, pour ne pas les scandaliser, va à la mer,
jette l'hameçon, et tire le premier poisson qui viendra; ouvre-lui la
bouche, et tu trouveras un statère. Prends-le, et donne-le-leur pour moi
et pour toi.
En ce moment, les disciples s'approchèrent de Jésus, et
dirent: Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux?
Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au
milieu d'eux,
et dit:
Je vous le dis en vérité, si vous ne vous
convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez
pas dans le royaume des cieux.
C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce
petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux.
Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant
comme celui-ci, me reçoit moi-même.
Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui
croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son
cou une meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer.
Malheur au monde à cause des scandales! Car il
est nécessaire qu'il arrive des scandales; mais malheur à l'homme
par qui le scandale arrive!
Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de
chute, coupe-les et jette-les loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la
vie boiteux ou manchot, que d'avoir deux pieds ou deux mains et d'être
jeté dans le feu éternel.
Et si ton oeil est pour toi une occasion de chute,
arrache-le et jette-le loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la vie,
n'ayant qu'un oeil, que d'avoir deux yeux et d'être jeté dans le
feu de la géhenne.
Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits;
car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face
de mon Père qui est dans les cieux.
Car le Fils de l'homme est venu sauver ce qui
était perdu.
Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et que
l'une d'elles s'égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf
autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s'est
égarée?
Et, s'il la trouve, je vous le dis en
vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf
qui ne se sont pas égarées.
De même, ce n'est pas la volonté de votre
Père qui est dans les cieux qu'il se perde un seul de ces petits.
Si ton frère a péché, va et
reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton
frère.
Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une
ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la
déclaration de deux ou de trois témoins.
S'il refuse de les écouter, dis-le à
l'Église; et s'il refuse aussi d'écouter l'Église, qu'il
soit pour toi comme un païen et un publicain.
Je vous le dis en vérité, tout ce que
vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous
délierez sur la terre sera délié dans le ciel.
Je vous dis encore que, si deux d'entre vous
s'accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera
accordée par mon Père qui est dans les cieux.
Car là où deux ou trois sont
assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux.
Alors Pierre s'approcha de lui, et dit: Seigneur, combien de fois
pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi?
Sera-ce jusqu'à sept fois?
Jésus lui dit: Je ne te dis pas
jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois.
C'est pourquoi, le royaume des cieux est semblable
à un roi qui voulut faire rendre compte à ses serviteurs.
Quand il se mit à compter, on lui en amena un
qui devait dix mille talents.
Comme il n'avait pas de quoi payer, son maître
ordonna qu'il fût vendu, lui, sa femme, ses enfants, et tout ce qu'il
avait, et que la dette fût acquittée.
Le serviteur, se jetant à terre, se prosterna
devant lui, et dit: Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout.
Ému de compassion, le maître de ce
serviteur le laissa aller, et lui remit la dette.
Après qu'il fut sorti, ce serviteur rencontra
un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. Il le saisit et
l'étranglait, en disant: Paie ce que tu me dois.
Son compagnon, se jetant à terre, le suppliait,
disant: Aie patience envers moi, et je te paierai.
Mais l'autre ne voulut pas, et il alla le jeter en
prison, jusqu'à ce qu'il eût payé ce qu'il devait.
Ses compagnons, ayant vu ce qui était
arrivé, furent profondément attristés, et ils
allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était
passé.
Alors le maître fit appeler ce serviteur, et lui
dit: Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette, parce que
tu m'en avais supplié;
ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton
compagnon, comme j'ai eu pitié de toi?
Et son maître, irrité, le livra aux
bourreaux, jusqu'à ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait.
C'est ainsi que mon Père céleste vous
traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son
coeur.
Lorsque Jésus eut achevé ces discours, il quitta la
Galilée, et alla dans le territoire de la Judée, au delà
du Jourdain.
Une grande foule le suivit, et là il guérit les malades.
Les pharisiens l'abordèrent, et dirent, pour l'éprouver:
Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif
quelconque?
Il répondit: N'avez-vous pas lu que le
créateur, au commencement, fit l'homme et la femme
et qu'il dit: C'est pourquoi l'homme quittera son
père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux
deviendront une seule chair?
Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule
chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.
Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner
à la femme une lettre de divorce et de la répudier?
Il leur répondit: C'est à cause de
la dureté de votre coeur que Moïse vous a permis de répudier
vos femmes; au commencement, il n'en était pas ainsi.
Mais je vous dis que celui qui répudie sa
femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre,
commet un adultère.
Ses disciples lui dirent: Si telle est la condition de l'homme à
l'égard de la femme, il n'est pas avantageux de se marier.
Il leur répondit: Tous ne comprennent pas
cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné.
Car il y a des eunuques qui le sont dès le
ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il
y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des
cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne.
Alors on lui amena des petits enfants, afin qu'il leur imposât les
mains et priât pour eux. Mais les disciples les repoussèrent.
Et Jésus dit: Laissez les petits enfants,
et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux
est pour ceux qui leur ressemblent.
Il leur imposa les mains, et il partit de là.
Et voici, un homme s'approcha, et dit à Jésus:
Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?
Il lui répondit: Pourquoi m'interroges-tu
sur ce qui est bon? Un seul est le bon. Si tu veux entrer dans la vie, observe
les commandements. Lesquels? lui dit-il.
Et Jésus répondit: Tu ne tueras
point; tu ne commettras point d'adultère; tu ne déroberas point;
tu ne diras point de faux témoignage; honore ton père et ta
mère;
et: tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Le jeune homme lui dit: J'ai observé toutes ces choses; que me
manque-t-il encore?
Jésus lui dit: Si tu veux être
parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras
un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.
Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout
triste; car il avait de grands biens.
Jésus dit à ses disciples: Je vous
le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume
des cieux.
Je vous le dis encore, il est plus facile à un
chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans
le royaume de Dieu.
Les disciples, ayant entendu cela, furent très
étonnés, et dirent: Qui peut donc être sauvé?
Jésus les regarda, et leur dit: Aux
hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.
Pierre, prenant alors la parole, lui dit: Voici, nous avons tout
quitté, et nous t'avons suivi; qu'en sera-t-il pour nous?
Jésus leur répondit: Je vous le
dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de
toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez
suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez
les douze tribus d'Israël.
Et quiconque aura quitté, à cause de mon
nom, ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère,
ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le
centuple, et héritera la vie éternelle.
Plusieurs des premiers seront les derniers, et
plusieurs des derniers seront les premiers.
Car le royaume des cieux est semblable à un
maître de maison qui sortit dès le matin, afin de louer des
ouvriers pour sa vigne.
Il convint avec eux d'un denier par jour, et il les
envoya à sa vigne.
Il sortit vers la troisième heure, et il en vit
d'autres qui étaient sur la place sans rien faire.
Il leur dit: Allez aussi à ma vigne, et je vous
donnerai ce qui sera raisonnable.
Et ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la
sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même.
Étant sorti vers la onzième heure, il en
trouva d'autres qui étaient sur la place, et il leur dit: Pourquoi vous
tenez-vous ici toute la journée sans rien faire?
Ils lui répondirent: C'est que personne ne nous
a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il.
Quand le soir fut venu, le maître de la vigne
dit à son intendant: Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en
allant des derniers aux premiers.
Ceux de la onzième heure vinrent, et
reçurent chacun un denier.
Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir
davantage; mais ils reçurent aussi chacun un denier.
En le recevant, ils murmurèrent contre le
maître de la maison,
et dirent: Ces derniers n'ont travaillé qu'une
heure, et tu les traites à l'égal de nous, qui avons
supporté la fatigue du jour et la chaleur.
Il répondit à l'un d'eux: Mon ami, je ne
te fais pas tort; n'es-tu pas convenu avec moi d'un denier?
Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner
à ce dernier autant qu'à toi.
Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je
veux? Ou vois-tu de mauvais oeil que je sois bon? -
Ainsi les derniers seront les premiers, et les
premiers seront les derniers.
Pendant que Jésus montait à Jérusalem, il prit
à part les douze disciples, et il leur dit en chemin:
Voici, nous montons à Jérusalem, et le
Fils de l'homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes.
Ils le condamneront à mort,
et ils le livreront aux païens, pour qu'ils se
moquent de lui, le battent de verges, et le crucifient; et le troisième
jour il ressuscitera.
Alors la mère des fils de Zébédée s'approcha
de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande.
Il lui dit: Que veux-tu? Ordonne, lui
dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis, dans ton royaume, l'un
à ta droite et l'autre à ta gauche.
Jésus répondit: Vous ne savez ce
que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire? Nous le
pouvons, dirent-ils.
Et il leur répondit: Il est vrai que vous
boirez ma coupe; mais pour ce qui est d'être assis à ma droite et
à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné
qu'à ceux à qui mon Père l'a réservé.
Les dix, ayant entendu cela, furent indignés contre les deux
frères.
Jésus les appela, et dit: Vous savez que
les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent.
Il n'en sera pas de même au milieu de vous. Mais
quiconque veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur;
et quiconque veut être le premier parmi vous,
qu'il soit votre esclave.
C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour
être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de
plusieurs.
Lorsqu'ils sortirent de Jéricho, une grande foule suivit
Jésus.
Et voici, deux aveugles, assis au bord du chemin, entendirent que
Jésus passait, et crièrent: Aie pitié de nous, Seigneur,
Fils de David!
La foule les reprenait, pour les faire taire; mais ils crièrent
plus fort: Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David!
Jésus s'arrêta, les appela, et dit: Que voulez-vous que je vous fasse?
Ils lui dirent: Seigneur, que nos yeux s'ouvrent.
Ému de compassion, Jésus toucha leurs yeux; et
aussitôt ils recouvrèrent la vue, et le suivirent.
Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent
arrivés à Bethphagé, vers la montagne des Oliviers,
Jésus envoya deux disciples,
en leur
disant: Allez au village qui est devant vous; vous trouverez
aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle;
détachez-les, et amenez-les-moi.
Si, quelqu'un vous dit quelque chose, vous
répondrez: Le Seigneur en a besoin. Et à l'instant il les
laissera aller.
Or, ceci arriva afin que s'accomplît ce qui avait
été annoncé par le prophète:
Dites à la fille de Sion: Voici, ton roi vient à toi,
Plein de douceur, et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit
d'une ânesse.
Les disciples allèrent, et firent ce que Jésus leur avait
ordonné.
Ils amenèrent l'ânesse et l'ânon, mirent sur eux
leurs vêtements, et le firent asseoir dessus.
La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements
sur le chemin; d'autres coupèrent des branches d'arbres, et en
jonchèrent la route.
Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus
criaient: Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts!
Lorsqu'il entra dans Jérusalem, toute la ville fut émue,
et l'on disait: Qui est celui-ci?
La foule répondait: C'est Jésus, le prophète, de
Nazareth en Galilée.
Jésus entra dans le temple de Dieu. Il chassa tous ceux qui
vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des
changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons.
Et il leur dit: Il est écrit: Ma maison
sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une
caverne de voleurs.
Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le temple.
Et il les guérit.
Mais les principaux sacrificateurs et les scribes furent
indignés, à la vue des choses merveilleuses qu'il avait faites,
et des enfants qui criaient dans le temple: Hosanna au Fils de David!
Ils lui dirent: Entends-tu ce qu'ils disent? Oui,
leur répondit Jésus. N'avez-vous jamais
lu ces paroles: Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de
ceux qui sont à la mamelle?
Et, les ayant laissés, il sortit de la ville pour aller à
Béthanie, où il passa la nuit.
Le matin, en retournant à la ville, il eut faim.
Voyant un figuier sur le chemin, il s'en approcha; mais il n'y trouva
que des feuilles, et il lui dit: Que jamais fruit ne
naisse de toi! Et à l'instant le figuier sécha.
Les disciples, qui virent cela, furent étonnés, et dirent:
Comment ce figuier est-il devenu sec en un instant?
Jésus leur répondit: Je vous le
dis en vérité, si vous aviez de la foi et que vous ne doutiez
point, non seulement vous feriez ce qui a été fait à ce
figuier, mais quand vous diriez à cette montagne: Ote-toi de là
et jette-toi dans la mer, cela se ferait.
Tout ce que vous demanderez avec foi par la
prière, vous le recevrez.
Jésus se rendit dans le temple, et, pendant qu'il enseignait, les
principaux sacrificateurs et les anciens du peuple vinrent lui dire: Par quelle
autorité fais-tu ces choses, et qui t'a donné cette
autorité?
Jésus leur répondit: Je vous
adresserai aussi une question; et, si vous m'y répondez, je vous dirai
par quelle autorité je fais ces choses.
Le baptême de Jean, d'où venait-il? du ciel, ou des hommes? Mais ils raisonnèrent ainsi entre eux; Si nous répondons:
Du ciel, il nous dira: Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui?
Et si nous répondons: Des hommes, nous avons à craindre la
foule, car tous tiennent Jean pour un prophète.
Alors ils répondirent à Jésus: Nous ne savons. Et
il leur dit à son tour: Moi non plus, je ne vous
dirai pas par quelle autorité je fais ces choses.
Que vous en semble? Un homme avait deux fils; et,
s'adressant au premier, il dit: Mon enfant, va travailler aujourd'hui dans ma
vigne.
Il répondit: Je ne veux pas. Ensuite, il se
repentit, et il alla.
S'adressant à l'autre, il dit la même
chose. Et ce fils répondit: Je veux bien, seigneur. Et il n'alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du
père? Ils répondirent: Le premier.
Et Jésus leur dit: Je vous le dis en
vérité, les publicains et les prostituées vous devanceront
dans le royaume de Dieu.
Car Jean est venu à vous dans la voie de la
justice, et vous n'avez pas cru en lui. Mais les publicains et les
prostituées ont cru en lui; et vous, qui avez vu cela, vous ne vous
êtes pas ensuite repentis pour croire en lui.
Écoutez une autre parabole. Il y avait un
homme, maître de maison, qui planta une vigne. Il l'entoura d'une haie, y
creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des
vignerons, et quitta le pays.
Lorsque le temps de la récolte fut
arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le
produit de sa vigne.
Les vignerons, s'étant saisis de ses
serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième.
Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand
nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la
même manière.
Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils
auront du respect pour mon fils.
Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent
entre eux: Voici l'héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son
héritage.
Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de
la vigne, et le tuèrent.
Maintenant, lorsque le maître de la vigne
viendra, que fera-t-il à ces vignerons?
Ils lui répondirent: Il fera périr misérablement
ces misérables, et il affermera la vigne à d'autres vignerons,
qui lui en donneront le produit au temps de la récolte.
Jésus leur dit: N'avez-vous jamais lu
dans les Écritures: La pierre qu'ont rejetée ceux qui
bâtissaient Est devenue la principale de l'angle; C'est du Seigneur que
cela est venu, Et c'est un prodige à nos yeux?
C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu
vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra
les fruits.
Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera, et
celui sur qui elle tombera sera écrasé.
Après avoir entendu ses paraboles, les principaux sacrificateurs
et les pharisiens comprirent que c'était d'eux que Jésus parlait,
et ils
cherchaient à se saisir de lui; mais ils craignaient la foule, parce
qu'elle le tenait pour un prophète.
Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en parabole, et
il dit:
Le royaume des cieux est semblable à un roi qui
fit des noces pour son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler
ceux qui étaient invités aux noces; mais ils ne voulurent pas
venir.
Il envoya encore d'autres serviteurs, en disant: Dites
aux conviés: Voici, j'ai préparé mon festin; mes boeufs et
mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces.
Mais, sans s'inquiéter de l'invitation, ils
s'en allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son
trafic;
et les autres se saisirent des serviteurs, les
outragèrent et les tuèrent.
Le roi fut irrité; il envoya ses troupes, fit
périr ces meurtriers, et brûla leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs: Les noces sont
prêtes; mais les conviés n'en étaient pas dignes.
Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces
tous ceux que vous trouverez.
Ces serviteurs allèrent dans les chemins,
rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et
bons, et la salle des noces fut pleine de convives.
Le roi entra pour voir ceux qui étaient
à table, et il aperçut là un homme qui n'avait pas
revêtu un habit de noces.
Il lui dit: Mon ami, comment es-tu entré ici
sans avoir un habit de noces? Cet homme eut la bouche fermée.
Alors le roi dit aux serviteurs: Liez-lui les pieds et
les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il
y aura des pleurs et des grincements de dents.
Car il y a beaucoup d'appelés, mais peu
d'élus.
Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de
surprendre Jésus par ses propres paroles.
Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les
hérodiens, qui dirent: Maître, nous savons que tu es vrai, et que
tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans
t'inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des
hommes.
Dis-nous donc ce qu'il t'en semble: est-il permis, ou non, de payer le
tribut à César?
Jésus, connaissant leur méchanceté,
répondit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites?
Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le
tribut. Et ils lui
présentèrent un denier.
Il leur demanda: De qui sont cette effigie et
cette inscription?
De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à
César, et à Dieu ce qui est à Dieu.
Étonnés de ce qu'ils entendaient, ils le
quittèrent, et s'en allèrent.
Le même jour, les sadducéens, qui disent qu'il n'y a point
de résurrection, vinrent auprès de Jésus, et lui firent
cette question:
Maître, Moïse a dit: Si quelqu'un meurt sans enfants, son
frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité
à son frère.
Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria, et
mourut; et, comme il n'avait pas d'enfants, il laissa sa femme à son
frère.
Il en fut de même du second, puis du troisième, jusqu'au
septième.
Après eux tous, la femme mourut aussi.
A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme? Car
tous l'ont eue.
Jésus leur répondit: Vous êtes
dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la
puissance de Dieu.
Car, à la résurrection, les hommes ne
prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les
anges de Dieu dans le ciel.
Pour ce qui est de la résurrection des morts,
n'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit:
Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu
de Jacob? Dieu n'est pas Dieu des morts, mais des vivants.
La foule, qui écoutait, fut frappée de l'enseignement de
Jésus.
Les pharisiens, ayant appris qu'il avait réduit au silence les
sadducéens, se rassemblèrent,
et l'un
d'eux, docteur de la loi, lui fit cette question, pour l'éprouver:
Maître, quel est le plus grand commandement de la loi?
Jésus lui répondit: Tu aimeras le
Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, et de toute ta
pensée.
C'est le premier et le plus grand commandement.
Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras
ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements dépendent toute la
loi et les prophètes.
Comme les pharisiens étaient assemblés, Jésus les
interrogea,
en
disant: Que pensez-vous du Christ? De qui est-il fils? Ils
lui répondirent: De David.
Et Jésus leur dit: Comment donc David,
animé par l'Esprit, l'appelle-t-il Seigneur, lorsqu'il dit:
Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi
à ma droite, Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton
marchepied?
Si donc David l'appelle Seigneur, comment est-il son
fils?
Nul ne put lui répondre un mot. Et, depuis ce jour, personne
n'osa plus lui proposer des questions.
Alors Jésus, parlant à la foule et à ses disciples,
dit:
Les scribes et les pharisiens sont assis dans la
chaire de Moïse.
Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent;
mais n'agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas.
Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les
épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.
Ils font toutes leurs actions pour être vus des
hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues
franges à leurs vêtements;
ils aiment la première place dans les festins, et
les premiers sièges dans les synagogues;
ils aiment à être salués dans les
places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi,
Rabbi.
Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un
seul est votre Maître, et vous êtes tous frères.
Et n'appelez personne sur la terre votre père;
car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux.
Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est
votre Directeur, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Quiconque s'élèvera sera abaissé,
et quiconque s'abaissera sera élevé.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous fermez aux hommes le
royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez
pas entrer ceux qui veulent entrer.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous dévorez les maisons
des veuves, et que vous faites pour l'apparence de longues prières;
à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous courez la mer et la terre
pour faire un prosélyte; et, quand il l'est devenu, vous en faites un
fils de la géhenne deux fois plus que vous.
Malheur à vous, conducteurs aveugles! qui dites: Si quelqu'un jure par le temple, ce n'est rien;
mais, si quelqu'un jure par l'or du temple, il est engagé.
Insensés et aveugles! lequel
est le plus grand, l'or, ou le temple qui sanctifie l'or?
Si quelqu'un, dites-vous encore, jure par l'autel, ce
n'est rien; mais, si quelqu'un jure par l'offrande qui est sur l'autel, il est
engagé.
Aveugles! lequel est le plus
grand, l'offrande, ou l'autel qui sanctifie l'offrande?
Celui qui jure par l'autel jure par l'autel et par
tout ce qui est dessus;
celui qui jure par le temple jure par le temple et par
celui qui l'habite;
et celui qui jure par le ciel jure par le trône de
Dieu et par celui qui y est assis.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous payez la dîme de la
menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important
dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité:
c'est là ce qu'il fallait pratiquer, sans négliger les autres
choses.
Conducteurs aveugles! qui
coulez le moucheron, et qui avalez le chameau.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous nettoyez le dehors de la
coupe et du plat, et qu'au dedans ils sont pleins de rapine et
d'intempérance.
Pharisien aveugle! nettoie
premièrement l'intérieur de la coupe et du plat, afin que
l'extérieur aussi devienne net.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous ressemblez à des
sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui, au dedans,
sont pleins d'ossements de morts et de toute espèce d'impuretés.
Vous de même, au dehors, vous paraissez justes
aux hommes, mais, au dedans, vous êtes pleins d'hypocrisie et d'iniquité.
Malheur à vous, scribes et pharisiens
hypocrites! parce que vous bâtissez les tombeaux
des prophètes et ornez les sépulcres des justes,
et que vous dites: Si nous avions vécu du temps
de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour
répandre le sang des prophètes.
Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes
que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes.
Comblez donc la mesure de vos pères.
Serpents, race de vipères! comment
échapperez-vous au châtiment de la géhenne?
C'est pourquoi, voici, je vous envoie des
prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns,
vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les
persécuterez de ville en ville,
afin que retombe sur vous tout le sang innocent
répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de
Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et
l'autel.
Je vous le dis en vérité, tout cela
retombera sur cette génération.
Jérusalem, Jérusalem, qui tues les
prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de
fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins
sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu!
Voici, votre maison vous sera laissée
déserte;
car, je vous le dis, vous ne me verrez plus
désormais, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur!
Comme Jésus s'en allait, au sortir du temple, ses disciples
s'approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions.
Mais il leur dit: Voyez-vous tout cela? Je vous
le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne
soit renversée.
Il s'assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en
particulier lui faire cette question: Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et
quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde?
Jésus leur répondit: Prenez garde
que personne ne vous séduise.
Car plusieurs viendront sous mon nom, disant: C'est
moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens.
Vous entendrez parler de guerres et de bruits de
guerres: gardez-vous d'être troublés, car il faut que ces choses
arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin.
Une nation s'élèvera contre une nation,
et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et
des tremblements de terre.
Tout cela ne sera que le commencement des douleurs.
Alors on vous livrera aux tourments, et l'on vous fera
mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon
nom.
Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se
trahiront, se haïront les uns les autres.
Plusieurs faux prophètes
s'élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens.
Et, parce que l'iniquité se sera accrue, la
charité du plus grand nombre se refroidira.
Mais celui qui persévérera
jusqu'à la fin sera sauvé.
Cette bonne nouvelle du royaume sera
prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage
à toutes les nations. Alors viendra la fin.
C'est pourquoi, lorsque vous verrez l'abomination de
la désolation, dont a parlé le prophète Daniel,
établie en lieu saint, -que celui qui lit fasse attention! -
alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les
montagnes;
que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour
prendre ce qui est dans sa maison;
et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en
arrière pour prendre son manteau.
Malheur aux femmes qui seront enceintes et à
celles qui allaiteront en ces jours-là!
Priez pour que votre fuite n'arrive pas en hiver, ni
un jour de sabbat.
Car alors, la détresse sera si grande qu'il n'y
en a point eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu'à
présent, et qu'il n'y en aura jamais.
Et, si ces jours n'étaient
abrégés, personne ne serait sauvé; mais, à cause
des élus, ces jours seront abrégés.
Si quelqu'un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il
est là, ne le croyez pas.
Car il s'élèvera de faux Christs et de
faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point
de séduire, s'il était possible, même les élus.
Voici, je vous l'ai annoncé d'avance.
Si donc on vous dit: Voici, il est dans le
désert, n'y allez pas; voici, il est dans les chambres, ne le croyez
pas.
Car, comme l'éclair part de l'orient et se
montre jusqu'en occident, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme.
En quelque lieu que soit le cadavre, là
s'assembleront les aigles.
Aussitôt après ces jours de
détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa
lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des
cieux seront ébranlées.
Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans
le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils
de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande
gloire.
Il enverra ses anges avec la trompette retentissante,
et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une
extrémité des cieux jusqu'à l'autre.
Instruisez-vous par une comparaison tirée du
figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles
poussent, vous connaissez que l'été est proche.
De même, quand vous verrez toutes ces choses,
sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte.
Je vous le dis en vérité, cette
génération ne passera point, que tout cela n'arrive.
Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
passeront point.
Pour ce qui est du jour et de l'heure, personne ne le
sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul.
Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de
même à l'avènement du Fils de l'homme.
Car, dans les jours qui
précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et
buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où
Noé entra dans l'arche;
et ils ne se doutèrent de rien, jusqu'à ce
que le déluge vînt et les emportât tous: il en sera de
même à l'avènement du Fils de l'homme.
Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l'un
sera pris et l'autre laissé;
de deux femmes qui moudront à la meule, l'une
sera prise et l'autre laissée.
Veillez donc, puisque vous ne savez pas quel jour
votre Seigneur viendra.
Sachez-le bien, si le maître de la maison savait
à quelle veille de la nuit le voleur doit venir, il veillerait et ne
laisserait pas percer sa maison.
C'est pourquoi, vous aussi, tenez-vous prêts,
car le Fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez
pas.
Quel est donc le serviteur fidèle et prudent,
que son maître a établi sur ses gens, pour leur donner la
nourriture au temps convenable?
Heureux ce serviteur, que son maître, à
son arrivée, trouvera faisant ainsi!
Je vous le dis en vérité, il
l'établira sur tous ses biens.
Mais, si c'est un méchant serviteur, qui dise
en lui-même: Mon maître tarde à venir,
s'il se met à battre ses compagnons, s'il mange et
boit avec les ivrognes,
le maître de ce serviteur viendra le jour
où il ne s'y attend pas et à l'heure qu'il ne connaît pas,
il le mettra en pièces, et lui donnera sa part
avec les hypocrites: c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements
de dents.
Alors le royaume des cieux sera semblable à dix
vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de
l'époux.
Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq
sages.
Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point
d'huile avec elles;
mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans
des vases.
Comme l'époux tardait, toutes s'assoupirent et
s'endormirent.
Au milieu de la nuit, on cria: Voici l'époux,
allez à sa rencontre!
Alors toutes ces vierges se
réveillèrent, et préparèrent leurs lampes.
Les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre
huile, car nos lampes s'éteignent.
Les sages répondirent: Non; il n'y en aurait
pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent,
et achetez-en pour vous.
Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux
arriva; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans
la salle des noces, et la porte fut fermée.
Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent:
Seigneur, Seigneur, ouvre-nous.
Mais il répondit: Je vous le dis en
vérité, je ne vous connais pas.
Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni
l'heure.
Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un
voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens.
Il donna cinq talents à l'un, deux à
l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité,
et il partit.
Aussitôt celui qui avait reçu les cinq
talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents.
De même, celui qui avait reçu les deux
talents en gagna deux autres.
Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un
creux dans la terre, et cacha l'argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces
serviteurs revint, et leur fit rendre compte.
Celui qui avait reçu les cinq talents
s'approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit: Seigneur, tu m'as
remis cinq talents; voici, j'en ai gagné cinq autres.
Son maître lui dit: C'est bien, bon et
fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose,
je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Celui qui avait reçu les deux talents
s'approcha aussi, et il dit: Seigneur, tu m'as remis deux talents; voici, j'en
ai gagné deux autres.
Son maître lui dit: C'est bien, bon et
fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose,
je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.
Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha
ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes
où tu n'as pas semé, et qui amasses où tu n'as pas
vanné;
j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent
dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.
Son maître lui répondit: Serviteur
méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas
semé, et que j'amasse où je n'ai pas vanné;
il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers,
et, à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un
intérêt.
Otez-lui donc le talent, et donnez-le à celui
qui a les dix talents.
Car on donnera à celui qui a, et il sera dans
l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il
a.
Et le serviteur inutile, jetez-le dans les
ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des
grincements de dents.
Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire,
avec tous les anges, il s'assiéra sur le trône de sa gloire.
Toutes les nations seront assemblées devant
lui. Il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger
sépare les brebis d'avec les boucs;
et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs
à sa gauche.
Alors le roi dira à ceux qui seront à sa
droite: Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez
possession du royaume qui vous a été préparé
dès la fondation du monde.
Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à
manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire;
j'étais étranger, et vous m'avez recueilli;
j'étais nu, et vous m'avez vêtu;
j'étais malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison,
et vous êtes venus vers moi.
Les justes lui répondront: Seigneur, quand
t'avons-nous vu avoir faim, et t'avons-nous donné à manger; ou
avoir soif, et t'avons-nous donné à boire?
Quand t'avons-nous vu étranger, et t'avons-nous
recueilli; ou nu, et t'avons-nous vêtu?
Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et
sommes-nous allés vers toi?
Et le roi leur répondra: Je vous le dis en
vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à
l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les
avez faites.
Ensuite il dira à ceux qui seront à sa
gauche: Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a
été préparé pour le diable et pour ses anges.
Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné
à manger; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à
boire;
j'étais étranger, et vous ne m'avez pas
recueilli; j'étais nu, et vous ne m'avez pas vêtu; j'étais
malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité.
Ils répondront aussi: Seigneur, quand
t'avons-nous vu ayant faim, ou ayant soif, ou étranger, ou nu, ou
malade, ou en prison, et ne t'avons-nous pas assisté?
Et il leur répondra: Je vous le dis en
vérité, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses
à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas
faites.
Et ceux-ci iront au châtiment éternel,
mais les justes à la vie éternelle.
Lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, il dit
à ses disciples:
Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours,
et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié.
Alors les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple se
réunirent dans la cour du souverain sacrificateur, appelé
Caïphe;
et ils
délibérèrent sur les moyens d'arrêter Jésus
par ruse, et de le faire mourir.
Mais ils dirent: Que ce ne soit pas pendant la fête, afin qu'il
n'y ait pas de tumulte parmi le peuple.
Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison
de Simon le lépreux,
une
femme s'approcha de lui, tenant un vase d'albâtre, qui renfermait un
parfum de grand prix; et, pendant qu'il était à table, elle
répandit le parfum sur sa tête.
Les disciples, voyant cela, s'indignèrent, et dirent: A quoi bon
cette perte?
On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux
pauvres.
Jésus, s'en étant aperçu, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a
fait une bonne action à mon égard;
car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous
ne m'avez pas toujours.
En répandant ce parfum sur mon corps, elle l'a
fait pour ma sépulture.
Je vous le dis en vérité, partout
où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier,
on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait.
Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les
principaux sacrificateurs,
et dit:
Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent
trente pièces d'argent.
Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer
Jésus.
Le premier jour des pains sans levain, les disciples
s'adressèrent à Jésus, pour lui dire: Où veux-tu
que nous te préparions le repas de la Pâque?
Il répondit: Allez à la ville chez
un tel, et vous lui direz: Le maître dit: Mon temps est proche; je ferai
chez toi la Pâque avec mes disciples.
Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et
ils préparèrent la Pâque.
Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze.
Pendant qu'ils mangeaient, il dit: Je vous le
dis en vérité, l'un de vous me livrera.
Ils furent profondément attristés, et chacun se mit
à lui dire: Est-ce moi, Seigneur?
Il répondit: Celui qui a mis avec moi la
main dans le plat, c'est celui qui me livrera.
Le Fils de l'homme s'en va, selon ce qui est
écrit de lui. Mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme
est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût pas
né.
Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: Est-ce moi, Rabbi?
Jésus lui répondit: Tu l'as dit.
Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après
avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps.
Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il
la leur donna, en disant: Buvez-en tous;
car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est
répandu pour plusieurs, pour la rémission des
péchés.
Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de
ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous
dans le royaume de mon Père.
Après avoir chanté les cantiques, ils se rendirent
à la montagne des oliviers.
Alors Jésus leur dit: Je serai pour vous
tous, cette nuit, une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai
le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.
Mais, après que je serai ressuscité, je
vous précèderai en Galilée.
Pierre, prenant la parole, lui dit: Quand tu serais pour tous une
occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi.
Jésus lui dit: Je te le dis en
vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me
renieras trois fois.
Pierre lui répondit: Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne
te renierai pas. Et tous les disciples dirent la même chose.
Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé
Gethsémané, et il dit aux disciples: Asseyez-vous
ici, pendant que je m'éloignerai pour prier.
Il prit avec lui Pierre et les deux fils de
Zébédée, et il commença à éprouver de
la tristesse et des angoisses.
Il leur dit alors: Mon âme est triste
jusqu'à la mort; restez ici, et veillez avec moi.
Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria
ainsi: Mon Père, s'il est possible, que cette
coupe s'éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que
tu veux.
Et il vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à
Pierre: Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi!
Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la
tentation; l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible.
Il s'éloigna une seconde fois, et pria ainsi: Mon Père, s'il n'est pas possible que cette coupe
s'éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite!
Il revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient
appesantis.
Il les quitta, et, s'éloignant, il pria pour la troisième
fois, répétant les mêmes paroles.
Puis il alla vers ses disciples, et leur dit: Vous
dormez maintenant, et vous vous reposez! Voici, l'heure est proche, et le Fils
de l'homme est livré aux mains des pécheurs.
Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre
s'approche.
Comme il parlait encore, voici, Judas, l'un des douze, arriva, et avec
lui une foule nombreuse armée d'épées et de bâtons,
envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple.
Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je
baiserai, c'est lui; saisissez-le.
Aussitôt, s'approchant de Jésus, il dit: Salut, Rabbi! Et
il le baisa.
Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu
faire, fais-le. Alors ces gens s'avancèrent, mirent la main sur
Jésus, et le saisirent.
Et voici, un de ceux qui étaient avec Jésus étendit
la main, et tira son épée; il frappa le serviteur du souverain
sacrificateur, et lui emporta l'oreille.
Alors Jésus lui dit: Remets ton
épée à sa place; car tous ceux qui prendront
l'épée périront par l'épée.
Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon
Père, qui me donnerait à l'instant plus de douze légions
d'anges?
Comment donc s'accompliraient les Écritures,
d'après lesquelles il doit en être ainsi?
En ce moment, Jésus dit à la foule: Vous êtes venus, comme après un brigand, avec
des épées et des bâtons, pour vous emparer de moi.
J'étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et
vous ne m'avez pas saisi.
Mais tout cela est arrivé afin que les
écrits des prophètes fussent accomplis. Alors tous les disciples l'abandonnèrent, et prirent la fuite.
Ceux qui avaient saisi Jésus l'emmenèrent chez le
souverain sacrificateur Caïphe, où les scribes et les anciens
étaient assemblés.
Pierre le suivit de loin jusqu'à la cour du souverain
sacrificateur, y entra, et s'assit avec les serviteurs, pour voir comment cela
finirait.
Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient
quelque faux témoignage contre Jésus, suffisant pour le faire
mourir.
Mais ils n'en trouvèrent point, quoique plusieurs faux
témoins se fussent présentés. Enfin, il en vint deux, qui
dirent:
Celui-ci a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et le
rebâtir en trois jours.
Le souverain sacrificateur se leva, et lui dit: Ne réponds-tu
rien? Qu'est-ce que ces hommes déposent contre toi?
Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la
parole, lui dit: Je t'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le
Christ, le Fils de Dieu.
Jésus lui répondit: Tu l'as dit.
De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de
l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les
nuées du ciel.
Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements,
disant: Il a blasphémé! Qu'avons-nous encore besoin de
témoins? Voici, vous venez d'entendre son blasphème. Que vous en
semble?
Ils répondirent: Il mérite la mort.
Là-dessus, ils lui crachèrent au visage, et lui
donnèrent des coups de poing et des soufflets en disant:
Christ, prophétise; dis-nous qui t'a frappé.
Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour. Une servante
s'approcha de lui, et dit: Toi aussi, tu étais avec Jésus le
Galiléen.
Mais il le nia devant tous, disant: Je ne sais ce que tu veux dire.
Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit
à ceux qui se trouvaient là; Celui-ci était aussi avec
Jésus de Nazareth.
Il le nia de nouveau, avec serment: Je ne connais pas cet homme.
Peu après, ceux qui étaient là, s'étant
approchés, dirent à Pierre: Certainement tu es aussi de ces
gens-là, car ton langage te fait reconnaître.
Alors il se mit à faire des imprécations et à
jurer: Je ne connais pas cet homme. Aussitôt le coq chanta.
Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: Avant que
le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura
amèrement.
Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et
les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire
mourir.
Après l'avoir lié, ils l'emmenèrent, et le
livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur.
Alors Judas, qui l'avait livré, voyant qu'il était
condamné, se repentit, et rapporta les trente pièces d'argent aux
principaux sacrificateurs et aux anciens,
en
disant: J'ai péché, en livrant le sang innocent. Ils
répondirent: Que nous importe? Cela te regarde.
Judas jeta les pièces d'argent dans le temple, se retira, et alla
se pendre.
Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent: Il
n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque
c'est le prix du sang.
Et, après en avoir délibéré, ils
achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour la sépulture
des étrangers.
C'est pourquoi ce champ a été appelé champ du sang,
jusqu'à ce jour.
Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par
Jérémie, le prophète: Ils ont pris les trente
pièces d'argent, la valeur de celui qui a été
estimé, qu'on a estimé de la part des enfants d'Israël;
et il
les ont données pour le champ du potier, comme le Seigneur me l'avait
ordonné.
Jésus comparut devant le gouverneur. Le gouverneur l'interrogea,
en ces termes: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.
Mais il ne répondit rien aux accusations des principaux
sacrificateurs et des anciens.
Alors Pilate lui dit: N'entends-tu pas de combien de choses ils
t'accusent?
Et Jésus ne lui donna de réponse sur aucune parole, ce qui
étonna beaucoup le gouverneur.
A chaque fête, le gouverneur avait coutume de relâcher un
prisonnier, celui que demandait la foule.
Ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas.
Comme ils étaient assemblés, Pilate leur dit: Lequel
voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus, qu'on appelle
Christ?
Car il savait que c'était par envie qu'ils avaient livré
Jésus.
Pendant qu'il était assis sur le tribunal, sa femme lui fit dire:
Qu'il n'y ait rien entre toi et ce juste; car aujourd'hui j'ai beaucoup
souffert en songe à cause de lui.
Les principaux sacrificateurs et les anciens persuadèrent
à la foule de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.
Le gouverneur prenant la parole, leur dit: Lequel des deux voulez-vous
que je vous relâche? Ils répondirent: Barabbas.
Pilate leur dit: Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Christ?
Tous répondirent: Qu'il soit crucifié!
Le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent
encore plus fort: Qu'il soit crucifié!
Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait,
prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit: Je
suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.
Et tout le peuple répondit: Que son sang retombe sur nous et sur
nos enfants!
Alors Pilate leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait
battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le
prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un
manteau écarlate.
Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils
posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main
droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut,
roi des Juifs!
Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa
tête.
Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui
ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et
l'emmenèrent pour le crucifier.
Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de
Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter
la croix de Jésus.
Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du
crâne,
ils lui
donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; mais, quand
il l'eut goûté, il ne voulut pas boire.
Après l'avoir crucifié, ils se partagèrent ses
vêtements, en tirant au sort, afin que s'accomplît ce qui avait
été annoncé par le prophète: Ils se sont
partagé mes vêtements, et ils ont tiré au sort ma tunique.
Puis ils s'assirent, et le gardèrent.
Pour indiquer le sujet de sa condamnation, on écrivit au-dessus
de sa tête: Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.
Avec lui furent crucifiés deux brigands, l'un à sa droite,
et l'autre à sa gauche.
Les passants l'injuriaient, et secouaient la tête,
en
disant: Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois
jours, sauve-toi toi-même! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la
croix!
Les principaux sacrificateurs, avec les scribes et les anciens, se
moquaient aussi de lui, et disaient:
Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même!
S'il est roi d'Israël, qu'il descende de la croix, et nous croirons en
lui.
Il s'est confié en Dieu; que Dieu le délivre maintenant,
s'il l'aime. Car il a dit: Je suis Fils de Dieu.
Les brigands, crucifiés avec lui, l'insultaient de la même
manière.
Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, il y
eut des ténèbres sur toute la terre.
Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix
forte: Éli, Éli, lama sabachthani?
c'est-à-dire: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'as-tu abandonné?
Quelques-un de ceux qui étaient là, l'ayant entendu,
dirent: Il appelle Élie.
Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge, qu'il
remplit de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna
à boire.
Mais les autres disaient: Laisse, voyons si Élie viendra le
sauver.
Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit.
Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut
jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent,
les
sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient
morts ressuscitèrent.
Étant sortis des sépulcres, après la
résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte,
et apparurent à un grand nombre de personnes.
Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder
Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver,
furent saisis d'une grande frayeur, et dirent: Assurément, cet homme
était Fils de Dieu.
Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin; qui
avaient accompagné Jésus depuis la Galilée, pour le
servir.
Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de
Jacques et de Joseph, et la mère des fils de
Zébédée.
Le soir étant venu, arriva un homme riche d'Arimathée,
nommé Joseph, lequel était aussi disciple de Jésus.
Il se rendit vers Pilate, et demanda le corps de Jésus. Et Pilate
ordonna de le remettre.
Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc,
et le
déposa dans un sépulcre neuf, qu'il s'était fait tailler
dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l'entrée du
sépulcre, et il s'en alla.
Marie de Magdala et l'autre Marie étaient là, assises
vis-à-vis du sépulcre.
Le lendemain, qui était le jour après la
préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens
allèrent ensemble auprès de Pilate,
et
dirent: Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait
encore: Après trois jours je ressusciterai.
Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au
troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le
corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts. Cette
dernière imposture serait pire que la première.
Pilate leur dit: Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous
l'entendrez.
Ils s'en allèrent, et s'assurèrent du sépulcre au
moyen de la garde, après avoir scellé la pierre.
Après le sabbat, à l'aube du premier jour de la semaine,
Marie de Magdala et l'autre Marie allèrent voir le sépulcre.
Et voici, il y eut un grand tremblement de terre; car un ange du
Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s'assit dessus.
Son aspect était comme l'éclair, et son vêtement
blanc comme la neige.
Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent comme morts.
Mais l'ange prit la parole, et dit aux femmes: Pour vous, ne craignez
pas; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été
crucifié.
Il n'est point ici; il est ressuscité, comme il l'avait dit.
Venez, voyez le lieu où il était couché,
et
allez promptement dire à ses disciples qu'il est ressuscité des
morts. Et voici, il vous précède en Galilée: c'est
là que vous le verrez. Voici, je vous l'ai dit.
Elles s'éloignèrent promptement du sépulcre, avec
crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux
disciples.
Et voici, Jésus vint à leur rencontre, et dit: Je vous salue. Elles s'approchèrent pour saisir
ses pieds, et elles se prosternèrent devant lui.
Alors Jésus leur dit: Ne craignez pas;
allez dire à mes frères de se rendre en Galilée: c'est
là qu'ils me verront.
Pendant qu'elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde
entrèrent dans la ville, et annoncèrent aux principaux
sacrificateurs tout ce qui était arrivé.
Ceux-ci, après s'être assemblés avec les anciens et
avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d'argent,
en
disant: Dites: Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que
nous dormions.
Et si le gouverneur l'apprend, nous l'apaiserons, et nous vous tirerons
de peine.
Les soldats prirent l'argent, et suivirent les instructions qui leur
furent données. Et ce bruit s'est répandu parmi les Juifs,
jusqu'à ce jour.
Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne
que Jésus leur avait désignée.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui. Mais
quelques-uns eurent des doutes.
Jésus, s'étant approché, leur parla ainsi: Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel
et sur la terre.
Allez, faites de toutes les nations des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit,
et enseignez-leur à observer tout ce que je vous
ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin
du monde.